À l’occasion de la Journée Mondiale de la Propriété Intellectuelle, nous avons interrogé Nadine ROCABOY et Denis BOUBAL, associés et conseils au sein de Plasseraud IP sur les enjeux actuels et à venir de la PI.
Nous sommes en 2024, pouvez-vous expliquer pourquoi la PI reste un sujet crucial pour les entreprises aujourd’hui ?
La propriété intellectuelle (PI) reste aujourd’hui cruciale pour les entreprises car elle constitue un outil puissant de protection juridique qui les aide à garder le contrôle sur leurs innovations, et représente un actif immatériel créateur de valeur pour l’entreprise.
Les investisseurs en sont bien conscients, comme en atteste une étude conjointe de l’EUIPO et l’OEB d’octobre 2023 qui montre qu’en moyenne, les start-ups qui sont en possession de marques et de brevets au cours de leur phase d’amorçage ou de croissance ont jusqu’à 10,2 fois plus de chances d’obtenir un financement. Pour ces start-ups, les investisseurs ont également plus de chances de réussir leur exit via une introduction en bourse ou un rachat.
Pour les entreprises innovantes, la PI offre ainsi non seulement un avantage concurrentiel certain, mais elle constitue aussi un formidable levier de croissance et d’accélération.
La PI répond par ailleurs à une logique vertueuse qui encourage l’innovation, devenue plus incontournable que jamais dans certains secteurs tels que l’industrie de la pharmacie, les biotechs et les medtechs et bénéficie tant aux organismes publics qu’aux entreprises privées.
Quels sont les principaux défis auxquels les entreprises du secteur de la santé sont confrontées en matière de propriété intellectuelle, et comment Plasseraud IP les aide-t-elles à les surmonter ?
La PI a toujours été au coeur de la stratégie des entreprises du secteur de la santé et des sciences de la vie en raison en raison de sa forte intensité capitalistique et son caractère extrêmement concurrentiel.
On voit l’intelligence artificielle qui révolutionne ce secteur en créant une médecine plus précise, plus performante et plus personnalisée. Les innovations sont de plus en plus transverses et requièrent donc pour leur protection des compétences à la fois en biologie, en électronique et en technologie de l’information. C’est une des forces de Plasseraud IP : nous avons des ingénieurs hautement qualifiés dans tous les domaines technologiques et pouvons ainsi répondre à ces besoins très spécifiques.
Cette complexité grandissante crée également de nouveaux risques de liberté d’exploitation forçant les entreprises à s’adapter à des nouvelles formes de collaboration et d’octroi de licences de PI. C’est pourquoi les dirigeants gagnent à s’entourer de professionnels de l’industrie et du droit pour protéger et pérenniser leurs actifs de PI.
Enfin, c’est un secteur où les temps de recherche et développements sont longs et où les contraintes règlementaires sont toujours croissantes. Le choix du bon timing pour la protection est essentiel (ni trop tôt, ni trop tard). Il est aussi très important de maintenir une protection dans la durée pour compenser ce temps long tout en étant en mesure de couvrir les principaux marchés.
Les experts de Plasseraud IP aident les entreprises de ce secteur à définir la stratégie la plus adaptée à toutes ces contraintes et à en maîtriser leur financement, afin de garantir la valorisation de leurs innovations et atteindre leurs objectifs commerciaux.
Enfin, comment voyez-vous l’avenir de la propriété intellectuelle dans le contexte de l’innovation croissante dans le domaine de la santé et des sciences de la vie ?
Le Rapport sur la propriété intellectuelle dans le monde 2022 insiste sur l’influence des crises (conflits armés, crises sanitaires, catastrophes naturelles) sur l’évolution de l’innovation. La pandémie de COVID-19 a propulsé les avancées scientifiques et technologiques, notamment en matière de vaccins (ARNm, etc.). Les entreprises et les décideurs doivent donc orienter leurs choix et leur stratégie pour répondre à ces défis majeurs, tels que le changement climatique et la santé (Global Innovation Index 2023).
Dans le même temps, les progrès significatifs de la bio-informatique peuvent répondre aux défis du secteur notamment grâce à l’exploitation des données massives (Big Data) et à travers la génomique (biomarqueurs, etc.). Enfin, les progrès de la microélectronique répondent au besoin croissant de modélisations et simulations nécessaire à l’étude des interactions moléculaires notamment.
Face à cette évolution croissante, la propriété intellectuelle est plus que jamais essentielle pour les entreprises de ce secteur et leur pérennité. Dans les domaines hyper concurrentiels, on peut même dire qu’elle « drive » leurs choix technologiques et leurs partenariats.
Pourquoi avoir noué un partenariat entre Plasseraud IP et les incubateurs d'Eurasanté, et comment cela renforce-t-il les initiatives en matière de propriété intellectuelle dans le domaine de la santé ?
L’innovation est capitale dans le secteur de la santé. Eurasanté intervient pour soutenir les activités des jeunes entreprises du Nord dans ce secteur et Plasseraud IP protège et valorise l’innovation, au travers de la propriété intellectuelle. Ensemble, nous agissons pour faire des innovations un levier de leur performance : créer le maillon manquant entre l’excellence de la recherche française ou des porteurs de projets et le marché mondial ultra-compétitif des biotechs, medtechs.
Pouvez-vous partager avec nous un exemple concret de collaboration réussie ou d’accompagnement entre Plasseraud IP et une startup dans le domaine de la propriété intellectuelle ?
Revival Bionics développe des technologies de pointe en biomécatronique dans l’objectif de reproduire la marche et ainsi compenser pleinement le handicap des personnes amputées ou paralysées du membre inférieur. Incubée par Eurasanté, la start-up de l’Oise a mis au point une prothèse robotique capable de reproduire fidèlement les mouvements de la marche. Cette prothèse a fait l’objet d’un brevet qui a passé sans encombre les étapes clefs et est maintenant délivré. Le brevet est entré en phase au niveau international.
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Directrice adjointe Entrepreneuriat Santé